Discours
15 Octobre 2024
Discours prononcé à l’occasion de la visite du pape François
Discours prononcé à l’occasion de la visite du pape François 26 septembre 2024 Laeken
Votre Sainteté,
Sire,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue en Belgique.
Cela fait maintenant près de trente ans que notre pays a reçu la visite du chef de l'Église catholique.
Votre engagement en faveur de la paix et de la compréhension mutuelle entre les différentes cultures et confessions est grandement apprécié.
Notre société est fondée sur le respect et le dialogue entre les communautés.
À une époque où la distance entre les communautés semble se creuser, nous accordons une valeur cardinale à la puissance du dialogue.
Il nous incombe d'offrir à nos citoyennes et à nos citoyens un avenir construit non pas sur la peur et la méfiance, mais sur la solidarité et le respect mutuel.
La Belgique, forte de ces valeurs, prend ses responsabilités.
Notre action prend appui sur un ordre mondial fondé sur les droits humains et la justice.
La guerre en Ukraine nous rappelle une dure réalité : la paix n'est jamais acquise.
Et les artisans de la paix doivent se montrer déterminés.
La Belgique se tient indéfectiblement au côté du peuple ukrainien.
Et nous continuerons à soutenir sa quête de paix et de sécurité.
Le conflit au Moyen-Orient illustre bien les conséquences d’une autodéfense qui bafoue le droit international.
Seule règne alors la loi du plus fort.
Une issue existe.
Mais elle passe impérativement par la libération des otages et par le retour, pour la population de Gaza, à des conditions de vie dignes.
La guerre est toujours une défaite pour l'humanité.
Votre Sainteté,
La Belgique a profondément changé depuis la visite de votre prédécesseur.
En quelques décennies, la spiritualité de nombreux Belges a énormément évolué.
Dans notre société laïque, plusieurs communautés religieuses cohabitent pacifiquement, les unes aux côtés des autres et les unes avec les autres.
L'Église a sa place dans notre Histoire et nos coutumes. Dans les origines de nos jours fériés et dans notre culture.
Pour beaucoup, la foi est un solide repère.
Mais nous ne pouvons pas ignorer les douloureuses blessures qui affectent la communauté catholique et plus largement la société.
Les nombreux cas d'abus sexuels et d'adoptions forcées ont lourdement entaché la confiance.
Le chemin est encore long.
Les serviteurs de l'Église travaillent avec conviction et amour du prochain.
Mais quand survient un abus, le silence et l’inaction ne sont pas une option.
Il nuit au travail précieux de chacun.
Aujourd’hui, les mots ne suffisent pas ; des actions concrètes sont nécessaires.
Les victimes doivent être entendues.
Elles doivent être au centre des préoccupations.
Elles ont droit à la vérité.
Les crimes doivent être reconnus.
Et la justice doit être rendue.
La dignité humaine doit primer sur les intérêts de l'institution.
C’est une obligation morale, mais aussi une étape nécessaire pour regagner la confiance.
Avant de pouvoir, à nouveau, regarder vers l’avant, l’Église doit affronter son passé.
Votre Sainteté,
Pour de nombreux croyants, votre venue nourrit de vives attentes.
Votre visite peut inspirer tous ceux et celles qui veulent construire des ponts. Elle peut également encourager les religions à œuvrer en faveur d’une union entre les peuples.
Les Belges vous invitent à vous pencher sur les défis posés par notre société moderne.
J'espère que votre séjour dans notre pays nourrira et apportera des éclairages nouveaux à la réflexion.
Je vous remercie.
